.png)
Dans le cadre de la sortie de l’ouvrage Les Têtes Bretagne-Pays de la Loire, l’agence API, en partenariat avec Ouest-France, a réalisé un palmarès inédit des décideurs de l’Ouest. Cent vingt entreprises ont été présélectionnées, dix-huit sont lauréates dans six catégories différentes. Parmi elles, OSO-AI. Créée en 2018, OSO-AI a depuis démontré son intérêt auprès des établissements de soins. Son dirigeant a été distingué dans la catégorie « Coups de cœur de l’année ».
Ils sont une cinquantaine en France à utiliser l’oreille augmentée que quatre associés ont imaginée pour venir en aide à des soignants débordés. À Brest (Finistère), Philippe Roguedas dirige un effectif qui a doublé en 2023. OSO-AI, c’est l’histoire de trois copains brestois, et d’un quatrième homme venu se greffer en chemin.
Mais il a fallu du temps avant que cette amitié ne donne vie à un boîtier intelligent, capable de détecter un bruit indiquant un problème dans une chambre d’établissement médicalisé. Chacun a d’abord écrit un premier – long – chapitre de sa vie professionnelle. Le hasard a voulu que les camarades de lycée travaillent, tous, un temps aux États-Unis.
« La fibre entrepreneuriale a commencé à nous gratter là-bas », raconte Philippe Roguedas, qui exerce à l’époque dans la vente d’extraits de plantes pour l’industrie alimentaire. Celui qui codirige aujourd’hui OSO-AI (avec Olivier Menut, le président, basé à Grenoble), a longtemps vécu à l’étranger. Aux États-Unis, mais aussi en Europe, il découvre « la force des réseaux bretons ».
C’est ce qui décide les trois amis d’alors 45 ans, à l’heure de créer leur entreprise, d’installer les locaux à Brest, plutôt qu’ailleurs en France, où les deux autres associés sont basés (le troisième, Gilles Debunne, vit lui à Toulouse).
Chacun est complémentaire dans l’aventure, Philippe Roguedas étant le commercial de la bande. C’est la rencontre avec Claude Berrou, enseignant chercheur à l’IMT Atlantique, qui sera déterminante. « Il a apporté ses travaux de recherche sur l’IA et les sons, et c’est avec lui qu’on a réalisé qu’on pouvait créer un nouveau service : l’oreille augmentée des soignants. » Un boîtier vissé au mur d’une chambre d’établissement médical, relié au wifi et capable d’analyser les sons entendus. Des sons qui, habituellement, poussent les infirmiers et aides-soignants à intervenir.
Depuis les premiers tests, en 2019, leur « oreille » a trouvé son public. L’appareil est aujourd’hui utilisé par une cinquantaine d’établissements, Ehpad et structures en lien avec le handicap. 2023 est l’année de toutes les accélérations pour OSO-AI, qui a atteint le million d’euros de chiffres d’affaires. « D’ici l’année prochaine, on sera présents dans 200 à 300 établissements. »
L’effectif est passé de 25 à 50 salariés, permettant un déploiement à l’international en 2024, au Japon notamment. Et le champ d’action de l’oreille augmentée n’a pas fini de grossir. Des travaux de recherche visent à détecter les premiers symptômes de la BPCO. La prévention de la mort subite du nourrisson est une autre application à l’étude. « Nous, ce qui nous intéresse, c’est d’être utiles à toute personne fragile », conclut Philippe Roguedas.
Sa biographie : né à Brest le 2 mars 1975 ; formation : licence de chimie à l’UBO (1998) et diplôme de l’ESC Brest (2000)
Pourquoi lui ? Entrepreneur pour la première fois à 45 ans, il est là à la tête, trois ans plus tard (avec Olivier Menut), d’une entreprise en forte croissance et déjà mûre pour l’international ; leur invention (ils sont quatre associés mais Philippe Roguedas est le seul à Brest, où est située l’entreprise) a récolté de nombreux trophées et distinctions (en 2022 et 2023) ; l’oreille augmentée des soignants est disponible dans une cinquantaine d’établissements en France.
Sa devise : « Tout comprendre avec le son ».
Ses dates clé : 2018 - création d’OSO-AI ; 2019 - l’oreille augmentée des soignants est testée au CHU de Brest ; 2020 - première levée de fonds (4 M€) ; 2021 - début de la commercialisation ; 2023 - deuxième levée de fonds (10 M€) et doublement de l’effectif.
